La beauté des langues trilitères

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Lors de mon apprentissage de l’arabe et de l’hébreu, j’ai été fasciné par la construction des mots autour des racines trilitères (composées de 3 consonnes).
En effet, à partir d’une racine il est possible de créer une multitude de mots à l’aide de schèmes plus ou moins connus.

Exemple: a partir de la racine ك – ت – ب (k – t -b) qui a le sens de l’écrit, on peut retrouver un grand nombre de mots comme en ajoutant des lettres selon des schèmes plus ou moins connus pour obtenir:
– كتاب / kitab (livre)
– ﻛﺎتب / kaatib (celui qui écrit)
– كتابة / kitaabatoun (écriture)
– مكتبة / maktabatoun (bibliothèque)
– مكتوب / maktoub (ce qui est écrit, destin)

Mais cela n’est pas le point qui me fascine le plus. Ce qui est formidable c’est comment les linguistes et parfois théologiens se servent de cette racine pour mettre en exergue la profondeur du/des sens du mots à l’aide des différents dérivés de cette même racine de façon à parfois même émettre des jugements religieux.

Prenons l’exemple du mot خمر (khamr) qui est souvent traduit par vin, il est issu de la racine trilitère خ – م – ر (kha-ma-ra) qui signifie couvrir, cacher. A partir de là, le véritable sens du mot en arabe signifie « ce qui couvre la raison ».
Certains savants de l’islam use donc de ce sens linguistique afin d’interdire l’alcool en règle générale ainsi que certaines drogues qui par analogie couvre aussi la raison.
On trouve aussi le mot خمار (khimār) qui est une étoffe par laquelle certaines femmes musulmanes se couvrent.

Un autre exemple que j’ai trouvé extrêmement beau est concernant l’explication de la parole أَسْتَغْفِرُ اللَّهَ (astaghfirou Allah) souvent traduite par « Je demande pardon à Dieu ». Sens tout à fait banal à première vue.
Cependant, en connaissant la racine trilitère de ce mot غ – ف – ر (gha-fa-ra) avec un sens de « dissimuler, pardonner » et les mots qui en dérivent comme مِغْفَر (mighfar) dont le sens est « ce qui protege », traduit par casque en français, on comprend donc la nuance de cette expression du début.
C’est donc une demande à Dieu de pardonner la faute, de la dissimuler aux autres et d’être protégé des retombées négatives d’avoir commis cette faute.

Le prochaine article sur les langues parlera sûrement d’un mot en hébreu avec lequel je partage une partie de mon histoire.

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